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Erebus

L'univers "dark fantasy" d'Erebus et ses centaines d'histoires traduites du mod de Civilization IV: "Fall From Heaven II"

Les Hordes Barbares - Partie 3

Publié le 31 Octobre 2016 par Stoik

Rantine

 

Rantine

     Il n'attendrait plus très longtemps. Si ces hommes l'attrapaient, ils le tueraient. Mais uniquement pour qui il était, bien que s'ils savaient ce qu'il avait fait, ils le feraient plus lentement et plus douloureusement encore. Il ne leur en voulait pas, Rantine n'était pas prêt à mourir aux mains des Bannors, pas maintenant en tout cas. Mais il ne pouvait partir avant de rencontrer sa reine, sinon ses rêves continueraient.
     Des rêves! Il riait de lui-même, dirigé seul, sur tant de lieues à travers le froid glacial, par des rêves. Il la laissait le contrôler, le manipuler, il le savait. Mais il avait une ligne de conduite à suivre. Il n'était plus l'orc de sa jeunesse, enragé et assoiffé de sang, impatient à l'idée de déchirer la chair. Même un orc peut se lasser des bains de sang d'enfants humains; lui en tout cas. Il lui avait déjà dit plusieurs fois, ces quelques derniers mois. Il y avait une ligne rouge qu'il ne voudrait plus franchir, pas même pour elle. Bhall ne lui avait pas répondu, sauf à travers ses rêves, qui continuaient.
     Il prit soudain conscience d'un bruit, qui approchait. Quelqu'un courait à travers les sous-bois, bruyamment, et droit sur lui. Il soupira, et se mit en position pour frapper. Mais pas pour tuer. Il savait comment mettre un homme à terre sans le tuer; mais le fou isolé devrait de toute façon s'attendre à pire du reste de la jungle.
     Ce n'était pas un humain, s'échappant du village Bannor. C'était un orc, une fille orc à moitié nue. C'était sa reine, il le savait déjà, alors que l'effroi qu'il ressentait depuis si longtemps disparaissait.

     Braduk Flamgra'in fut pour lui aussi facile à trouver que d'habitude, même si le temps qu'il avait passé hors de la ville s'était éternisé. Le feu artificiel montrait le chemin, de nuit comme de jour. Et maintenant, pour une raison qui lui était inconnue, aucun blizzard n'obscurcissait sa vue. Son périple avait été chargé des dangers de l'hiver, des dangers qu'il avait connus sa vie entière. Mais le court trajet depuis les propriétés isolées Bannors jusqu'à la ville sacrée des orcs ne lui fit endurer de telles mésaventures. L'air était chaud, aucune goutte de pluie ne tombait, laissant la neige fondre à son rythme. Il avait réellement chaud, même sans ses fourrures, desquelles Sheelba s'était couverte.
     "Les hommes fêtaient la fin de l'Hiver quand je suis partie," lui dit-elle. Rantine acquiesça. L'art de la conversation lui était étranger, et cette fille ne s'arrêtait pas de parler. Elle en faisait un usage généreux alors qu'ils approchaient de la ville, racontant de nombreux épisodes de sa vie. Elle s'étonna du silence ambiant lorsqu'ils entrèrent dans Braduk. Des centaines d'orcs étaient déployés devant les flammes, se préparant à la guerre. Les lances à affûter, la peinture de guerre à appliquer, les boucliers à sculpter, les loups à harnacher: une rafale d'activités animait la ville. Rantine remarqua les orcs disposés autour des bannières de leurs clans. Le Renne, la Lance Brandie, l'Ours... et même deux compagnies d'hommes-lézards. Au-dessus de cette collection de drapeaux flottait celui des Braises. Un symbole très fort pour Rantine.
     "Jonas."
     "Quoi?" s'étonna Sheelba, s'agrippant au bras de Rantine, alors qu'ils commençaient à se faire remarquer.
     "Jonas Endain va venir. A mon départ, il a juré de me tuer."
     "Pourquoi?"
     "J'étais jadis un héros de notre peuple. Mais j'ai tenté de mettre un terme à la guerre, en fomentant une alliance entre un clan orc et des hommes contre la sauvagerie d'Orthus."
     Sheelba le fixait du regard, déconcertée.
     "Les hommes n'ont jamais eu l'intention de faire la paix. Les plus sages ont été massacrés. Et moi... remerciée et relâchée."
     Rantine détourna les yeux, incapable de faire face au regard de Sheelba; mais avant qu'elle ne puisse davantage le questionner, un orc colossal entra dans le village, suivi d'un groupe d'éclaireurs, des hommes-lézards. La tête d'une fillette était accrochée à l'hampe de la masse imposante de cet orc.
     "Toi!"
     "Jonas. Que se passe-t-il ici?"
     "J'ai unifié les Clans, Rantine. Nous nous préparons à marcher sur les humains. A venger ta folie. Bhall m'a choisi pour nous diriger. Ecarte-toi de mon chemin." Le Prêtre et Roi orc poussa Rantine.
     "Attendez! Vous ne pouvez pas faire ça!" Jonas se retourna et fixa Sheelba d'un regard dédaigneux. "A chaque fois que vous attaquez les Bannors, vous mourrez! Je l'ai vu depuis leur camp. Ils gagnent à chaque fois parce qu'ils ont du bronze, du fer, de la magie, et qu'ils sont très entraînés! Gaspiller des vies orcs dans des raids insensés vous perdra... et ne nous apportera rien en retour! Nous avons besoin d'une civilisation pour l'emporter sur les hommes, en les combattant sur leur propre terrain!"
     "Qui est-ce?" demanda Jonas.
     "Je suis votre reine. Et je... je serai votre protectrice, Jonas, si vous me suivez. Sinon, notre peuple sera condamné. Je l'ai vu."
     Rantine s'attendait à mourir. Tous les autres Clans devaient avoir entendu ces mots fous. Le Jonas qu'il avait connu n'aurait jamais laissé passer une telle provocation.
     Le Roi orc bouillonnait. Il serrait sa masse plus fortement. Mais il dit, "Venez, tous les deux. Nous parlerons de ça entre nous."


Les Hommes-Lézards

     Leur sang-froid et leur coeur de pierre font des Hommes-Lézards d'excellents explorateurs, en revanche leur courage et leur curiosité sont plutôt limités. Ils n'éprouvent aucune difficulté à ramper au travers des marécages et des jungles, à se faufiler entre les ronces des taillis des forêts, ni à grimper d'abrupts sommets montagneux.
     La plupart des bêtes ont tendance à les fuir. D'ailleurs, les Hommes-Lézards méprisent la plupart des mammifères, bien qu'ils soient aussi connus pour s'allier aux Orcs lorsque le besoin s'en fait ressentir.
      Les Hommes-Lézard, simples vagabonds au début de l'Age de la Renaissance, répondirent à l'expansion des villes et des cités en devenant de plus en plus agressifs. Alors qu'hommes et elfes apprenaient les secrets qui leur permettraient d'apprivoiser les jungles, les Hommes-Lézards n'étaient pas prêts à se laisser attraper.
     Contrairement aux elfes et leurs forêts, ce n'est pas par adoration religieuse que les Hommes-Lézards sont attachés à ce point à leurs jungles. Le temps a simplement fait s'adapter leurs corps et leur culture à cet environnement au point d'en faire les maîtres incontestés.
     Les Rôdeurs Lézards sont l'expression de cette évolution, apprivoisant les tigres les plus féroces de la jungle pour les dresser contre leurs ennemis. Les appels à la pitié ne sont pas entendus par ces nomades au sang-froid, toujours à la recherche de nouvelles proies.


Les Ogres

     La nature des Ogres leur permet de survivre plus volontiers dans le froid que les humains, et les Gelbiontes n'ont jamais été un problème pour eux. Il n'est donc pas surprenant qu'ici et là, à l'Age de Glace, de petits villages d'Ogres aient poussé. Ceux-ci étaient généralement provisoires et toujours dirigés par le plus fort des Ogres, appelé par les étrangers "Chef de Guerre", un titre découlant de leur passe-temps favori.
     Dans les sociétés humaines, le "chef" dénote souvent un caractère sage et révéré. Les Ogres, quant à eux, ne respectent que la force. La direction de leurs cités peut changer après la moindre rixe. En fait, lorsque ces brutes marchent en direction des cités humaines, ils peuvent aussi changer de chef après le moindre de ces affrontements. Un coup d'oeil jeté à l'attaque du Chef de Guerre menée contre le premier rempart d'une défense pourra le plus souvent suffire à persuader l'arrière-garde de s'enfuir sous la terreur.


Les Disciples d'Acheron

     Nerveux, frénétiques, des hommes descendirent sur la cité en ruines. Leurs rêves les avaient menés là, les rêves d'une magnifique reine brûlante et du dragon qui la servait. Ils n'offrirent qu'une faible résistance lorsque des orcs leur tombèrent dessus à coup de haches et de crocs, dans une orgie de sang. Leurs hurlements à la mort appelèrent Bhall et Acheron, mais leurs prières demeurèrent sans réponse.
     Les récits de ce massacre ne dissuadèrent pas d'autres courageux de venir jusque dans cette cité. Impressionné par leur passion, et malgré leur faiblesse évidente, Orthus ordonna de leur laisser une chance d'enfin rencontrer le dieu qu'ils appelaient de leurs voeux. Les hommes furent alors ligotés et amenés dans les profondeurs de la cité où les Orcs les jetèrent dans un grand feu, comme sacrifice pour Acheron.
     La plupart d'entre eux moururent, hurlant encore les mêmes louanges à Bhall tandis que le feu les consumait. Mais parfois, les flammes brûlaient les cordes qui attachaient ces hommes, sans toutefois les blesser. Ils erraient alors en dehors du feu et tombaient, prostrés devant le grand dragon. Les orcs permirent à ces hommes de rester avec eux, et après la cérémonie, le feu semblait obéir à leurs commandements.


Les Bauges

     Lorsque finalement nous conquîmes leur cité, nous n'étions pas préparés à ce qui se cachait derrière ces étranges bâtiments en ruines. On m'avait choisi pour faire partie d'une équipe d'exploration envoyée à l'intérieur de ce que nous pensions être un entrepôt miteux. Une fois à l'intérieur, la puanteur de la chair putréfiée me surpris. A la faible lumière de notre lanterne nous vîmes alors des milliers de petits yeux briller, appartenant à d'innombrables bébés orcs qui se battaient les uns contre les autres, ou se gavaient de rats et autres vermines. Ici et là, mes yeux croisèrent les silhouettes de femelles orcs enceintes. Leur utérus gonflé les obligeaient à s'asseoir dans la fange, désemparées. Nous connaissions trop bien la guerre et ses devoirs, mais dans mon coeur je me sentais comme les monstres que j'avais juré combattre. Devoir tuer des enfants m'horrifiait, et ce quelle que soit leur race. Mais notre commandant nous ordonna de mettre le feu à ces bauges, et je pense ne jamais oublier leurs cris... ce jour-là, moi Jarn, soldat Bannor, je payai de mon humanité le prix fort de mon engagement dans la croisade...


Les Aqueducs

     Khmer Otterfig s'assit pour admirer son travail, en fait celui d'esclaves, mais c'était sous sa direction et grâce à son usage avisé du fouet qu'il avait pu donner une nouvelle vie à Belphemon. Les lignes rigoureuses de son Grand Aqueduc, sculpté dans la roche de la montagne qui l'alimente, serpentaient jusqu'à la cité, y acheminant de l'eau précieuse et fraîche. Le Grand Aqueduc apportait avec lui les nutriments sans lesquels les bauges ne seraient restés que des puits insalubres suintant les années de nocuité. La crasse dans laquelle auraient vécu certains de ses frères!
     Oui, dans sa famille certains étaient célèbres pour leurs qualités de chefs de combat, mais Otterfig savait qu'ils ne seraient rien sans cette armée, et que c'était grâce à lui que le Clan avait pu en construire une aussi nombreuse et aussi forte. Toutefois, il demeurait agacé qu'un simple grogneur comme Palpeious, auto-proclamé "Seigneur", ait une statue à son effigie pour avoir massacré quelques humains, seulement, et que l'unique remerciement que lui-même ait reçu pour avoir apporté de l'eau fraîche aux masses fut "Elle est froide". Ce n'est pas facile tous les jours d'être un verdâtre.

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