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Erebus

L'univers "dark fantasy" d'Erebus et ses centaines d'histoires traduites du mod de Civilization IV: "Fall From Heaven II"

De la Magie de Chaos

Publié le 31 Octobre 2016 par Stoik

Chaos

   

Danse des Lames

 

     L'ennemi était presque sur nous, et personne dans le camp n'y était préparé. Nos éclaireurs avaient été repérés, et nous allions rapidement être exposés.

     Nos soldats empoignèrent leurs armes avec frénésie. Déjà au milieu de tous, l'Adepte envoyé pour nous aider semblait étrangement passif. Il se contentait de rester au centre du campement, puis commença à siffler... un air angoissant, une mélodie étrange. Je le pris pour un fou, mais la force du son s'intensifia, jusqu'à devenir plus bruyant que toute émission humaine possible. L'instant qui suivit, une étrange impulsion me pénétra, me tirant vers l'avant pour aller au devant de la charge ennemie. Tout autour de moi, je pouvais voir mes alliés, dispersés au hasard... alors les deux camps se rencontrèrent... et quelque chose d'étrange arriva. Bien que nos forces ne tenaient pas de ligne évidente, chaque homme se trouvait étrangement en position de repousser la première frappe ennemie. Malgré la confusion totale dans laquelle nous étions, et notre manque de préparation et de planification, pas un seul soldat ennemi n'entra dans le camp. D'un bout à l'autre du champ de bataille, cette mélodie obsédante continuait, et les combats semblaient imiter les rythmes étranges de cette mélopée.

     Le temps passait, et l'intensité du son émis s'estompait, mais du moment qu'il était toujours perceptible chacun de nos hommes restait sur pied et combattait. Et déjà, l'ensemble de la première vague ennemie était allongée par terre, morte ou mourante.

 

 

Mutation

 

     "Mademoiselle... les résultats de vos expériences. Presque tous... sont déformés, au-delà de toute compréhension..."

     "Ceux qui n'ont plus grand chose d'humain ne doivent pas faire partie de ceux qui s'étaient portés volontaires," la voix de la prêtresse était aussi dure et impitoyable que le jeune homme était tremblant. "Ceux qui auront péri ici n'auraient de toute manière pas survécu au combat."

     Les hommes et les femmes qui s'étaient portés volontaires étaient prostrés dans le champ, tous recouverts de monstrueuses difformités. L'un d'eux semblait s'être vidé de tout son sang, les testicules d'un autre avaient grossi au point d'écraser ses orteils de leur poids. La prêtresse marchait parmi eux, les inspecta un par un, avant de s'en aller. Clairement, du moins c'est ce qui apparaissait, l'homme qu'elle venait d'assigner comme assistant était l'un de ceux qui n'avaient pas été touchés par ses expérimentations.

     "Mais mademoiselle," essaya-t-il une fois de plus, détournant son regard d'un homme dont les entrailles avaient explosé violemment en dehors de son estomac, "Ces troupes se comportaient très bien, pourquoi les avez-vous choisies... tous auraient fait de bons soldats..."

     "Et tu feras un excellent "Noyé" si tu ne te tais pas," répliqua froidement la prêtresse. Elle s'arrêta devant l'un de ses cobayes pour le regarder de plus près. La jeune femme était jadis une très jolie elfe, mais aucun effort d'imagination ne vous laisserait désormais utiliser ce terme à son sujet. Le peu de graisse qu'elle avait autrefois s'était transformé en muscles, et ces muscles s'étaient élargis jusqu'à s'étirer au point de déchirer la peau qui les avait jadis recouverts. Ses yeux étaient exorbités et sortaient de sa tête, la distension du tissu musculaire les ayant forcés à quitter leurs orbites - mais malgré tout, elle examinait la prêtresse avec un air de satisfaction.

     "Je pense que... c'est exactement ce dont nous avons besoin," et pour la première fois de la journée, un sourire apparut sur les lèvres de la prêtresse. Ses yeux brillaient, elle se retourna vers son assistant, la voix joyeuse. "Je savais que les Suzerains ne nous abandonneraient jamais! Ils ont offert à certains d'entre nous une force surhumaine, qui devrait suffire à terrasser tous nos ennemis. Va trouver tous ceux qui ressemblent à cette elfe, c'est eux que nous voulons."

     "Et... les autres?" répondit lentement l'homme.

     "Les autres? Oh," la prêtresse haussa les épaules, elle avait déjà totalement oublié ses nombreux ratés, "Je ne crois pas qu'ils puissent un jour devenir des Noyés, le peuvent-ils? Et puis cela n'a guère d'importance, faites d'eux ce que vous voulez." Elle s'éloigna de son assistant, souriante, et regarda de nouveau la femme elfe avec, dans les yeux, amour et adoration.

     "Vous êtes si belle ainsi, ma chère. Je suis tellement heureuse que vous ayez réussi."

 

 

Miracle

 

     La tente de Saungrin était située si loin de l'armée. Lorsqu'elle fut installée, c'était parmi les feux, le matériel de couchage et les transports du reste de l'armée. Mais durant la nuit, tous s'étaient éloignés de l'archimage, quittant l'anneau de terre dépourvu d'herbe dans un rayon d'au moins 300 mètres autour de sa tente.

 

     Des cornes de brume avaient fait écho à travers le campement peu après l'aube, alors qu'ils s'étaient retrouvés sous le feu d'une attaque. Des cavaliers Hippus les avaient chargés, au sommet de la colline et à l'intérieur des fortifications improvisées par les Lanuns. Les Hippus étaient aussi agiles sur le dos d'un cheval que des acrobates, ils paraissaient même danser parmi les lances, la pluie de flèches et les trous peu profonds que l'on appelait les "attrapeurs de sabots".

     Une ligne de cavaliers s'était divisée et avait chargé Saungrin, alors les Lanuns avaient commencé à fuir en grand nombre. Les Hippus avaient poussé des cris de joie, puis supposé que Saungrin devait être une sorte de général, expliquant ainsi pourquoi sa tente se situait dans un endroit aussi surélevé. Alors ils avaient charger à travers l'herbe fraîche pour rapporter sa tête et parfaire leur victoire.

     Saungrin souffrait de strabisme, ses verres étaient dans l'une de ses nombreuses poches, mais il les avait déjà fouillées à son réveil sans le moindre résultat. Abandonnant ses recherches, il avait demandé qu'on mette à sa disposition un artilleur pour le protéger pendant qu'il lancerait ses sorts. L'artilleur n'arriva jamais.

     Pour Saungrin, la magie était la respiration des dieux. Au moment de lancer un sort, il ne se sentait plus limité par son corps mais connecté avec chaque partie de la Création. Il pouvait ressentir la puissance d'une rivière alentour remonter vers l'océan, les pulsations continues du sol sous ses pieds, la sueur, le sang et les émotions des cavaliers s'approchant de lui. Ce tout était largement à sa portée, comme s'il pouvait l'atteindre et en changer chacun des aspects.

     Mais il n'essayait pas de les contrôler, chacun de ces aspects était déchaîné, et leur puissance s'agitait et se déformait à l'intérieur de son corps. A l'instant où les cavaliers étaient arrivés sur lui, cette puissance extraordinaire s'était manifestée, ondulant au ras du sol sous forme d'immenses vagues bleues.

 

     Lorsque les soldats Lanuns retournèrent au campement, Saungrin était assis, seul, en dehors de sa tente. Le camp était en ruine et les cadavres des cavaliers dispersés tout autour. Quelques charognards, ressemblant à un croisement entre pélicans et chiens de prairie, se servaient sur leurs restes; en repartant, les soldats se demandèrent même si ces grands échassiers auraient pu détruire l'armée toute entière.

     "Quel besoin avons-nous des dieux lorsque nous vous avons?" lança Jevin, tandis qu'il marchait en direction de l'archimage.

     "Les hommes ont foi dans leurs dieux, mais il me semble avoir bien peu de valeur aux yeux de vos hommes. Ou bien devrais-je croire qu'ils eussent peur de quelques prépuces humains?"

     Jevin réussit à garder son calme. Personne ne comprit pourquoi, mais un fournil ainsi qu'un boulanger Kuriotates, un peu perdu, se trouvaient au centre du campement. Les soldats examinaient déjà la chose, mais apparemment, durant la bataille, un spectre s'était élevé depuis le sol et avait emporté avec lui toutes les madeleines.

     "Les hommes ont peur de vous, et vous aiment. Mais vous révérer serait une insulte, un testament de prévisibilité et d'ennui. Vous êtes un trop grand joueur pour cela."

     "Peut-être," dit Saungrin, laissant Jevin s'excuser. "Mais Capitaine, j'aimerais tout de même voir ce soldat être emprisonné pour avoir ignoré mon ordre."

     "Bien sûr" accepta Jevin, et Saungrin disparut dans sa tente, laissant seul Jevin, avec l'artilleur que l'archimage venait de pointer du doigt.

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