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Erebus

L'univers "dark fantasy" d'Erebus et ses centaines d'histoires traduites du mod de Civilization IV: "Fall From Heaven II"

Les Aventuriers Agnostiques - Partie 2

Publié le 31 Octobre 2016 par Stoik

Stephanos

 

Stephanos

     Khord sauta par-dessus la berge et frappa violemment le sol avec son marteau de guerre. Le choc résonna d'un bout à l'autre du canyon et servit de guide aux soldats Grigori, derrière lui, pour qu'ils courent le long de ses parois. Même les cavaliers éprouvaient des difficultés à le suivre sur ce sol accidenté. La lune de Dumannios assurait une lumière raisonnable dans tout le canyon, à l'exception de zones ombragées perdues dans l'obscurité.
     Khord dépassa une autre crête et arriva dans l'impasse du canyon. Pendant un instant il s'inquiéta, leur proie aurait pu s'échapper par la magie ou se cacher dans l'un des nombreux affleurements ombragés du canyon. Mais cet adversaire n'était pas de ce genre.
     L'infanterie Grigori se rangea silencieusement derrière Khord, arrêtant finalement sa course forcée. Il y avait une très haute élévation au centre de l'impasse du canyon, un monceau de pierres que des civilisations plus primitives auraient considéré comme un autel naturel de Kilmorph. Stephanos, sur sa monture, les observait depuis le sommet du monticule.
     Des ombres s'envolèrent au-dessus des soldats tandis que les chasseurs emmenés par Cabal, le frère de Khord, bondirent depuis les parois du canyon. Dans les airs, leurs capes tissées de plumes de corbeaux se déployèrent pour transformer en vol ces centaines d'hommes en oiseaux géants. Alors ils formèrent un nuage noir qui se posa sur le sol du canyon où ils réapparurent en formation, les armes à la main, et des masques de corbeaux protégeant leur visage.
     Le cheval blanc de Stephanos rayonnait à la lumière de la lune et ne paraissait pas être effrayé par l'armée d'hommes se déployant devant son cavalier. Stephanos lui-même ressemblait à un glorieux conquérant revenant du combat, à la rencontre de l'adulation des foules; il n'avait rien d'un fugitif que l'on avait coincé dans une impasse. Il les regardait, le sourire aux lèvres; on pouvait presque entendre au loin des acclamations triomphales le suivre.
     Cabal se précipita dans sa direction en criant, "A l'attaque, ne le laissez pas nous parler."
     Malheureusement, personne dans le canyon n'entendit quoi que ce soit au-delà de "ne le". D'un coup d'oeil de Stephanos, une vibration sourde transperça l'air, un son étouffant qui isola Cabal du reste de ses hommes et fit chanceler tous les autres, dont les tympans venaient de réagir au changement de pression. Mais le temps qu'ils récupèrent, Stephanos avait déjà commencé à s'adresser à eux.
     "Des empires de l'Homme, celui pour lequel j'ai le plus d'admiration est le vôtre, celui des Grigori. Ceci parce qu'ils ont reconnu que les dieux ne sont pas dignes de votre culte. A vous, en tant qu'hommes, j'offre mon admiration. Mais, concernant votre dirigeant, je peux seulement vous dire qu'il ne va pas assez loin dans l'accomplissement de son dessein. Il passe son temps à se plaindre en Erebus au lieu de mener la révolution. Il n'est pas suffisant de refuser d'obéir aux jeux de guerre prévus par les dieux pour les hommes, nous devons aussi les renverser."
     Les hommes restèrent silencieux. La voix de Stephanos faisait écho à travers le canyon, et lorsque Khord regarda autour de lui, il aperçut que lors des brefs intermèdes entre les phrases de Stephanos, certains hommes acquiesçaient comme s'ils confirmaient des déclarations que Khord ne pouvait pas entendre. En effet, la bouche de Stephanos continuait de s'animer même les instants où Khord n'entendait rien; les lèvres de Stephanos se pliaient, dessinant un sourire crispé, et sa langue, longue et fine, glissait entre elles lorsqu'il parlait.
     Khord serait resté suspendu aux lèvres de Stephanos s'il n'avait pas aperçu son frère allongé par terre. Du sang coulait depuis ses oreilles, et il haletait comme oppressé par une force invisible; ce qui n'empêchait pas les hommes autour de lui de continuer d'écouter Stephanos. Khord souhaitait rejoindre son frère mais son propre corps entier était comme engourdi. Il fut cependant capable de bouger la mâchoire pour se mordre la langue. La douleur réveilla son corps pour lui permettre d'avancer, bien que péniblement.
     Au-dessus de lui, Stephanos continua.
     "Cassiel nous dit que les dieux sont corrompus. Mais dans ce cas, pourquoi nous ordonne-t-il de vivre paisiblement à l'intérieur de la geôle qu'ils nous ont construits. Si votre roi était corrompu, suivriez-vous le gouverneur qui exigera votre douce supplication à ces ordres, quelle qu'en soit l'importance? Ou prendriez-vous d'assaut le palais en souhaitant le faire tomber de son trône? On nous dit qu'une telle chose n'est pas possible, mais qui le dit? Le roi et le gouverneur qu'ils ont envoyés pour nous dominer!"
     Khord tomba à côté de son frère. Les mots de Stephanos résonnaient encore en lui, appelant ses articulations à cesser de bouger, son esprit à cesser de s'interroger et son âme à l'accepter. Les croyances qu'il avait soutenues sa vie entière lui paraissaient désormais être des histoires pour enfants comparées à la force immuable du discours de Stephanos. Ces mots devenaient le fondement véritable de tout ce à quoi il croyait, et tout le reste devait maintenant être repensé pour se conformer à cette nouvelle idéologie.
     Cabal approchait du trépas, ses cheveux étaient amatis par le sang qui formait une flaque sur le sol. Cabal leva les yeux en direction de son frère et rassembla ses dernières forces pour agir une dernière fois: atteindre et frapper le visage de Khord.
     Khord gémit de douleur. Ses oreilles résonnèrent sous les coups de son frère. Mais il hurla plus encore lorsque il aperçut les yeux de Cabal se fermer pour la dernière fois. D'abord le désespoir l'accabla, puis la colère. Stephanos cessa son discours, c'est ce qu'il crut en tout cas. Lorsqu'il regarda dans sa direction, il comprit que Stephanos parlait, encore et toujours, Khord ne pouvait juste plus rien entendre au-delà des résonances dans ses oreilles.
     Se précipitant vers l'avant, Khord en appela une fois de plus à la magie de son marteau de guerre. Ne visant pas Stephanos mais le monticule de terre sur lequel le cheval de l'orateur était juché, il frappa avec assez de force pour fracasser la roche en-dessous et créer, par son impact, une fissure qui s'étendit le long du canyon.
     A cet instant, les hommes se réveillèrent depuis leur transe. Le cheval de Stephanos recula de sa position sur le rocher qui s'effondrait, et Khord gravit la butte pour attaquer de front Stephanos. Stimulé par la mort de son frère il chargea, criant à ses hommes d'en faire autant.
     Ils rejoignirent le combat, mais pas de la manière qu'il avait souhaitée. Avant que Khord n'arrive devant Stephanos, une douzaine de flèches l'avaient déjà transpercé. Ses hommes se jetèrent immédiatement sur lui pour le traîner jusqu'en bas de la butte, et le découper en pièces à même le sol du canyon. Lorsque se termina cette terrible scène, Stephanos quitta le canyon, avec sa nouvelle armée de soldats Grigori derrière lui.


Les Eclaireurs

     Il est de nombreuses raisons pour lesquelles les jeunes hommes choisissent de risquer leur vie à explorer des terres inconnues. Certains le font pour prouver leur loyauté ou leurs capacités, d'autres parce qu'ils sont hors-la-loi et veulent se repentir de leurs crimes passés. Et la plupart d'entre eux le font pour satisfaire leur soif d'aventure. Cette vie est dangereuse, et rares sont les Eclaireurs qui parviennent à revenir vivants de ces lieux sauvages pour toucher l'importante récompense qui les attend. Les Eclaireurs qui rentreront, rapporteront des histoires, des trésors provenant des ruines perdues de cités ancestrales, des souvenirs de bêtes massacrées, ou encore les découvertes de nouvelles terres à coloniser. En échange, ils reçoivent des cadeaux, des femmes, des terres, des titres, de l'or, mais surtout le pardon de la communauté pour les crimes commis par le passé. Certaines des plus grandes familles de nobles du Quatrième Age sont les descendants de ces premiers explorateurs. Il est dit des Grigori qu'ils comptent dans leurs rangs les meilleurs Eclaireurs qui soient.


Les Médecins Grigori

     L'Empire Grigori commença à prospérer lorsque des hommes des quatre coins d'Erebus, lassés de servir de pions aux dieux, cherchèrent un moyen de décider d'eux-mêmes de leur destinée. Conséquences de cette vague d'immigration, ou infligées du châtiment divin par les dieux, les Grigori commencèrent à souffrir de maladies contre lesquelles ils ne connaissaient pas de remèdes. Heureusement, Cassiel avait le pouvoir de guérir ces maladies, et pouvaient même le transmettre à d'autres. Toutefois, il était assez sagace pour comprendre qu'être le seul à pouvoir guérir son peuple le mettrait dans la position d'agir comme un dieu lui-même, et ainsi, tout ce pour quoi il avait combattu serait perdu. Alors Cassiel rassembla les meilleurs herboristes et guérisseurs naturalistes du Royaume, et forma l'Ordre des Médecins. Les Membres de l'Ordre des Médecins voyagent à travers Erebus, à la recherche des remèdes naturels aux maladies que les dieux infligent au Grigori. Et ils sont désormais reconnus à travers Erebus pour leur capacité à les guérir sans l'intervention du divin, ce qui est primordial aux yeux de Cassiel. Aussi, malgré le fait qu'il voyage le plus souvent en compagnie d'unités militaires, l'Ordre des Médecins a fait un serment de non-agression, et ne se battra que pour se défendre, et défendre ceux dont ils s'occupent.


Les Tueurs de Dragons

     La croyance de Cassiel dans l'autosuffisance et l'autonomisation des mortels apporte beaucoup plus à son peuple que n'importe quel débat philosophique.
     Les guerriers Grigori partent le plus souvent au combat sans la moindre crainte, et sont aussi dévoués à leur nation que n'importe quel croisé l'est envers son dieu.
     Ainsi, chacun des dragons vivant en Erebus devrait prendre en compte la réputation des Champions Grigori s'ils veulent espérer y survivre, car ces Tueurs de Dragons seraient les plus heureux des hommes s'ils parvenaient à ramener dans leur patrie le trésor que certaines de ces légendes protègent.


Acheron le Dragon Rouge

     Il volait impatiemment tandis que passaient les âges, en ce lieu hors du temps. Dans ce quasi-néant où se rendent les mythes après leur mort, mais hors de l'oubli. C'est un fait, Erebus n'oublierait pas Acheron de sitôt, le seigneur des flammes, la bête de la destruction, le Dragon Rouge. La terre tremblait lorsqu'il la foulait. Les pins séculaires étaient déracinés lorsqu'il prenait son envol. Quand lui et ses adversaires s'affrontaient, il était leur dernière vision.
     Mais la Convention fut signée, et la puissance qui l'animait retirée. Bien qu'aussi redoutable qu'autrefois, ses blessures ne guérissaient plus aussi rapidement. Lorsqu'il crachait ses flammes, il goûtait lui-même la douleur qu'il infligeait. Et lors d'un combat fatal, pas suffisamment rapide il tomba, pour ne plus jamais se relever.
     Il ne pouvait pas reposer ici comme les autres, se satisfaire de la majesté du mythe. Ce n'était pas dans sa nature. La sienne était celle du feu. Le feu, ce dévoreur affamé. Le feu, ce danseur agile porté par les vents. Le feu, ce patient vaincu, toujours désireux de revivre, par même le plus faible des combustibles. Et finalement, il le détecta ce combustible. L'essence de sa maîtresse Bhall. Pas la déesse elle-même, mais quelques êtres proches de sa nature enflammée, la même que la sienne. Ils se reproduisaient rapidement, grandissaient aussi vite, combattaient dans les cris et mouraient dans la rage. Chaotiques, ils suivaient toutefois les lois qui les gouvernaient. Violents, ils sortaient cependant du néant pour développer leurs clans. Agiles, ils laissaient chaque fois une empreinte derrière eux.
     Ils ne savaient pas qu'ils l'appelaient, qu'ils lui donnaient leur force, mais ils le faisaient. Leur rage ouvrait un portail que lui seul pouvait traverser, elle redonnait vie à ses chairs et à ses os, depuis si longtemps putréfiés.

     A Ahepetr, Trois-Dents déchargeait son sac. Trois crânes humains, un poignard en fer, et une poignée de babioles brillantes tombèrent au sol. Demi-Nez tendit le bras pour ramasser un anneau en diamant, et Trois-Dents lui sauta dessus. Les deux orcs tombèrent par terre tandis qu'autour d'eux les gobelins les encourageaient à se battre, chipant les objets volés de Trois-Dents chaque fois qu'ils le pouvaient.
     Mais un grondement qui secoua la terre les interrompit. Tous se retournèrent pour lui faire face. Resplendissant au souvenir de sa gloire d'antan, Acheron se dressait devant eux. Sa peau tannée avait l'éclat des rubis, tous plus rougeoyants les uns que les autres, comme son souffle illuminait la tombée de la nuit d'un nuage de feu ondulant. Chacune de ses dents, chacun de ses crocs, chacune de ses griffes scintillantes, acérées et parfaites, lui donnaient l'apparence d'une créature n'ayant jamais combattu. Ses ailes tannées embrassaient l'humble village. Sa gueule dessinait un grondement terrifiant... ou peut-être était-ce, bien qu'improbable venant d'une telle bête, un sourire.
     Comme un seul homme, les orcs et les gobelins rassemblèrent leurs trésors de guerres pour les déposer aux griffes du puissant dragon. Avec le temps, la pile allait grossir pour devenir une montagne d'or, tandis que renaissait la légende.

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